dimanche 14 août 2011

La Forteresse des Salses

La forteresse des Salses fut un chef-d’œuvre de l'art militaire, une véritable machine à tuer ! qui était à l'époque au main des Espagnols.
En 1496, l'armée française met à sac et incendie le village et le château de Salses, qui limitait au Nord le territoire espagnol.
Pour barrer, plus efficacement l'accès du Roussillon à la France, le roi Ferdinand le Catholique décide alors de construire une forteresse sur l'emplacement de l'ancien village, pour en faire un fort d'arrêt défensif et une base d'opérations offensives.
En 1503, les espagnols résistent à un premier siège alors que la forteresse n'est pas encore achevée !
Au cours de la guerre de Trente Ans, Salses est assiégé trois fois en trois ans avant d'être définitivement conquise par les français en 1642.... enfin "conquise" est un grand mot. En effet, pour des raisons stratégiques, le roi espagnole laisse le fort se faire prendre.
Puis arrive le fameux traité des Pyrénées de 1659, qui entérine l'appartenance du Roussillon à la France. La frontière est alors reportée sur la crête des Pyrénées et la forteresse perd toute son importance. Il est alors demandé à Vauban de le détruire, mais vu l'ampleur du chantier, il décide de juste le démanteler pour qu'il ne soit plus utilisable, et devient alors une prison d'état, puis une poudrière au XIXe.

Essayons de suivre le parcours des assaillants...

Tout d'abord, la forteresse est protégée par une barbacane avec un "étui à canon" (oui ca m'a fait bizarre, tellement l'habitude d'étudier le moyen age que le mot canon m'a perturbé... sauf qu'on est pas au moyen age, mais à la Renaissance et que par conséquent, canon et mousquet on fait leur apparition)
Ensuite, il faut traverser deux fossés, pendant qu'on se fait tirer dessus pour les soldats de la forteresse. On utilisait alors la technique de la Sape, c'est à dire, que l'on creusait un tunnel dans le fossé pour y déposer des barils de poudre afin de faire une brèche. C'est là où la cavallerie arrive, descend dans le fossé pour sabrer tout le monde...
Comme dirait notre ami Bigard, "Admettons"... admettons que les soldats arrivent à passer, les voici arrivés directement au centre de la garnison et des écuries. Comme vous le voyiez sur la photos, le rez-de-chaussée était prévue pour les bêtes (300 environs), et au dessus, se trouvait trois étages pour les soldats (entre 2 et 3000). Le gouverneur, sa famille et les 200 officiers se trouvait derrière dans ce qu'ils ont appelés le donjon.
Donc le but, pour les assaillants étaient bien entendu d'atteindre le donjon.
(Je n'ai pas de photos pour la suite, mais voici ce qui les attendait.)

1. Des escaliers dit "coupe-souffle", des marches inégales, un coup étroite, un coup large, un coup petite et un coup haut.... une horreur, qui nous ont coupé le souffle, or nous n'avions pas d'armures, pas de mousquet, pas de poignard ni d'épée... bref pas 30 kilos sur le dos !

2. Arrivés sur les remparts, avec biensûr un comité d'accueil, il se faisait canarder par les soldats à l'intérieur de la forteresse via les fidèles meurtrières !

3. Ils arrivent à rentrer à l'intérieur, ils tombent sur un long tunnel étroit et très bas où le parcours du combattant y est dessiné. En effet, des pierres et frontons sont implantés dans l'architecture, un coup au niveau du tibia, ou de la rotule, un fronton pour y laisser sa tête... bref, on ressort pas indemne.

4. Vous avez déjà une rotule en moins, mais vous continuez, et vous arrivez un nouvel escalier, qui descend. Mais attention à vous deux meurtrières sont placés dans le mur, une pour vous mettre une balle dans la tête, l'autre pour vous soigner votre seconde rotule ;)

Enfin, vous arrivez sur cette petite place, qui se trouve juste devant la porte du Donjon (sur la droite). Mais voilà la porte est blindée pour ne pas pouvoir l'incendier. A l'époque, la seule manière d'ouvrir une porte est d'utiliser un bélier. (bon déjà faut avoir réussi à l'amener avec vous pendant le reste de l'expédition hein ;) )
Admettons ! Vous avez votre bélier avec vous, vous vous mettez en place, et là vous apercevez ces drôles de petites architecture que j'ai prise en photo. Il se trouve qu'il est placé pile devant la porte et vous empêche d'avoir l'élan nécessaire pour ouvrir la porte rapidement ! ... Rapidement, oui c'est un important car tout un tas de meurtrière dans le donjon sont pointés vers vous et vous canardent encore. Sans compter que ces architectures, sont en fait là pour expédier la fumée des canons tirez en dessous. Rappelons qu'il s'agit d'une fumée noire, puisqu'à l'époque, ils utilisaient une poudre noire très peu raffinée. Vous êtes donc canardés, enfumés, vous n'y voyez plus rien et vous avez bien du mal à ouvrir cette porte !

Admettons !

Vous êtes entrés, après quelques escaliers, vous voilà dans la chambre et bureau du Gouverneur. Les poutres sont d'époque, elles sont fait en bois de châtaigniers, un bois que les insectes xylophages n'apprécie pas beaucoup...
Quand au sol, il date du XIXe siècle. Il était à la base en brique rouge, mais comme je vous l'ai dit, il a été utilisé comme poudrière au siècle dernier. Or on s'est vite aperçu que la poudre et la brique faisait des étincelles !
On a donc changé le sol par du parquet en bois et des clous en étains pour éviter les étincelles.... dans une poudrière il vaut mieux.


Comme je vous l'ai dit, nous avons atterri dans la chambre du Gouverneur, ici était donc l'emplacement de son lit... Vous allez me dire c'est bien petit pour un lit. Mais tout comme au Moyen Age, à la Renaissance, les gens ne dormait pas allongé car il s'agissait de la position du mort. Et par supertition, les gens préféraient dormir dans une position mi-allongé mi-assise, donc point besoin de lit très grand.

Ici, vous pouvez voir le lavabo intégré dans la pierre... je trouve cela très ingénieux !

Chacun des trois étages du donjon était ouvert par une de ces fenêtres "à double volet". Vous aviez donc un premier volet en extérieur, une grille, un mur épais de 50cm puis un second volet intérieur... tout cela faisait que même un boulet de 37kg n'aurait pas ouvrir cette fenêtre. En effet, a l'époque, le plus petit boulet faisait environ 1kg, et le plus gros 37kg avec la taille d'un ballon de football.
Comme vous le voyiez, cette forteresse est pourvue de toutes les commodités ! Voici ici les latrines, il y en avait 200 répartis dans l'ensemble de l'édifice, en moyenne 1 latrine pour 10 personnes. Cela se vidait directement dans les bassins de Leucate juste à côté de la forteresse. Mais avant, des bassins d'épuration d'eau était installé. On plaçait de nombreux sacs de charbons qui s’imprégnait des impuretés, et lorsqu'il y avait un peu trop de poissons morts dans ces bassins, on changeait les sacs de charbons.

Descendons à l'étage inférieur.
Nous voici dans la salle des banquets. En face, nous pouvez voir une cheminée, assez grande pour faire cuire un porc, un mouton ou même un veau entier !
Cette cheminée, ainsi que l'alcove sur sa droite, sont faites de briques rouges. Pierre permettant de conserver la chaleur. Ce qui fait de la seconde alcove un chauffe plat, permettant de manger chaud à tout heure ! vous avez devant vous l'ancêtre du micro-onde ! ingénieux non?

Le dernier étage du donjon était utilisé comme garde-manger.

Pour sortir du donjon, me voici sur une petite passerelle, me permettant de prendre en photo les premiers visiteurs qui sont déjà en bas en train de se faire expliquer comment ils serait morts...
Je fais la maline en haut, mais au-dessus de moi se trouve des machicoulis, ou pour une fois le guide ne dit pas qu'on y jettais de l'huile bouillante. Enfin un guide intelligent !
Non visiblement, on y jetait de l'eau bouillante ! En général, je tique à cette réponse car en cas de siège l'eau est trop importante pour la jetez "par les fenêtres". Mais précédemment, le guide nous a bien expliquer que la forteresse a été batie sur 3 sources d'eau différentes... donc je dis pourquoi pas...

Bref, perso, je suis morte ici par l'eau bouillante lol.
Mais bon, je finis quand même la visite par cet endroit que j'ai trouvé très ingénieux. En effet, en plus des 300 chevaux, se trouvait aussi des vaches laitières, qui étaient utilisées pour faire du lait, du beurre et du fromage. Mais vu la température ambiante comment les conservaient-ils?
Et bien, vous avez en face de vous, l'ancêtre du frigo. En effet, grâce un trou d'aération dans l'alcove, il suffisait de mouiller la pierre, d'y poser un linge et ses produits; et avec l'effet de ventilation, les produits restaient frais pour au moins 3 jours !

C'est ici que notre visite s'achevera, pendant que je faisais cette photo, le guide était déjà parti à la chambre des vins, mais il est difficile de faire les photos et d'écouter en même temps...


Oh j'oubliais, en début de visite je vous ai dit qu'ils avaient appelés la Tour principale, un donjon. Pourquoi je vous dis ca comme ça... Tout simplement car cette tour est imbriqué dans les remparts. Or un donjon est censé être entouré de remparts mais ne pas les toucher. C'est la définition d'un donjon. Donc ce "donjon" était donc seulement une Tour Principale.

Sur ce, à demain pour de nouvelles aventures !

1 commentaire:

  1. Nous venons de visiter cette merveille, avec le guide de la photo :
    Un très beau moment.Bravo, Monsieur le Guide pour vos explications!

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